Location de pandas, l’arnaque

Huan Huan et Yuan Zi (traduisez rondouillard et joyeuse) les 2 pandas arrivent… Une belle opération marketing pour le zoo de Beauval et pour la diplomatie française.

Le “tapis rouge” est déroulé pour ces animaux, avec une arrivée en Boeing, une escorte de motards… et ce après une demande officielle du président français Nicolas Sarkozy au président chinois Hu Jintao. Ces “trésors nationaux chinois” sont loués à la France en signe de confiance et d’amitié pour un montant de 750 000 euros/an.

De son côté, le zoo de Beauval n’a pas lésiné sur les moyens en déboursant 5 millions d’euros afin de reconstituer un décor chinois avec pagodes, bambous, lions de marbres, cascades… et brouillard artificiel afin de rafraîchir les animaux lors des fortes chaleurs estivales, car Beauval n’est pas en montagne, habitat naturel du Panda, mais au bord de la Loire….  Rassurez-vous ces grosses peluches noires et blanches vont rentabiliser l’investissement, la foule devrait s’amasser devant ces animaux dont la quiétude n’est dès lors plus garantie..

Mais face à la situation critique de cette espèce, dont il n’y aurait plus que 1600 représentants en liberté, n’aurait-il pas mieux valu investir in-situ (c’est-à-dire sur place en Chine) pour une préservation de leur écosystème, plutôt que de reconstituer pour le public (car c’est pour le public, le panda se moque des pagodes !) un décor en carton-pâte ?

L’espèce, classée en Annexe 1 de la CITES, disparaît du fait d’une déforestation, d’une fragmentation de son habitat qui rend la présence de bambou mangeable plus rare (les bambous meurent après chaque rare floraison) et du braconnage. Différents programmes visant à la création de réserves sont actuellement en cours en Chine.  Ce sont ces programmes qu’il faut soutenir plutôt que cette coûteuse opération marketing qui sacrifie ces 2 animaux à des intérêts tout autres que celui du bien-être animal.

La paradoxe des zoos

Certains zoos, dont Beauval font de la conservation des espèces leur vitrine. Rappelons que cette “conservation” est une obligation légale depuis la publication de la Directive zoo. Le rapport zoo publié par ENDCAP et Code Animal révèle que tous les zoos français ne respectent pas cette obligation.

Les zoos ont pillés la nature pendant des décennies. Claude Caillé fondateur du zoo de la Palmyre, raconte dans le  livre “Mon zoo…, ma vie” (publié en 1991) ses captures de zèbres, de girafes et leurs séjours dans des centres de captures :  “Avoir un zèbre sauvage dans une caisse, c’est tenir un diable dans une boîte” et pourtant déjà il vantait le rôle de conservatoire et de pédagogie de son zoo…

Alors oui, les zoos ont évolué. Mais peut-on croire que ceux qui ont ainsi pillé la nature puissent aujourd’hui se présenter en sauveur des espèces en voie de disparition ?

Les zoos collectent des fonds qu’ils reversent à des associations, des programmes locaux pour tel ou tel espèce, mais comme le font des milliers de particuliers ou d’associations de par le monde.

La vision des zoos reste celle de l’animal en tant qu’espèce (rentable), ils sacrifient d’un côté des individus en les condamnant à une prison dorée et aide d’un autre côté au financement de programmes de sauvegarde d’espèces dans leur milieu naturel, milieu qu’ils ont eux-même pillés il y a une trentaine d’années…

De plus, les zoos présentent l’animal comme une marchandise que le badaud peut venir “consommer”.  Cette location de pandas illustre très bien le statut de cet animal : il est louable et consommable comme tout autre marchandise.

Or comment peut-on d’une part transformer l’animal en bien consommable et d’autre part tenter de sauver ces derniers représentants dès lors que c’est cette transformation de l’animal en bien consommable qui conduit à sa disparition ?

Un paradoxe dont ces 2 nouveaux pandas ne sont que les objets. Ils n’ont rien à gagner de cette exhibition, au mieux la naissance d’un petit par insémination artificielle … qui terminera peut-être de manière tragique comme “Knut” la star polaire allemande ou dans un réel programme in-situ, mais à quel prix ?  Car ne soyons pas naïf la France et la Chine n’ont que faire de la protection des animaux au vu de leurs politiques réciproques en la matière (nous n’oserions pas citer l’implication de la France dans la déforestation, ni même sa politique de préservation des loups ou de l’ours pyrénéen… )

Publié le: 
15/01/2012