Liste rouge des espèces menacées, nous sommes tous responsables !

Orang outan dans un zoo français

Crise, dette souveraine et austérité occupent le devant de la scène. Le monde virtuel de la finance, source d’angoisse, concentre toutes les attentions sur lui. En attendant le monde réel se meurt… dans la quasi-indifférence.

L’IUCN (International Union for Conservation of Nature) vient de publier la dernière mise à jour de sa liste rouge des espèces menacées. Ainsi 25% des mammifères sont menacés d’extinction, on apprend que la situation des rhinocéros est particulièrement préoccupante : la sous-espèce de rhinocéros noire d’Afrique de l’Ouest (Diceros bicornis longipes) est officiellement éteinte alors que le Rhinocéros blanc d’Afrique Central a probablement disparu à l’état sauvage.

La liste est longue de ces espèces animales et végétales tirant leur dernière révérence ou s’apprêtant à le faire dans l’indifférence des politiques et sous la pression des braconniers ou des marchands de rêve. Ce n’est pas faute de tirer la sonnette d’alarme. Ainsi les thons obèses et rouges du Sud, du Nord et de l’Atlantique se trouvent dans un état critique alors que des ONG telles que Greenpeace ne cesse d’alerter l’opinion publique et les décideurs politiques sur cette situation dramatique.

Ainsi 800 espèces ont d’ores et déjà disparu (dont 64 à l’état sauvage), plus de 9500 sont “en danger” ou “en danger critique d’extinction”, plus de 10 000 sont “vulnérables” et 4389 sont “quasi menacées”.  Des espèces animales sont déjà condamnés à disparaître comme le Orang Outan de Bornéo victime de la déforestation ou l’ours polaire… et l’on regarde ému en spectateur.

Bien entendu, on accuse, les braconniers, les entreprises forestières et les puissants de ce monde plus intéressés par la disparition de leur note AAA  que par la disparition des autres espèces et on se rassure derrière de prétendus programmes de conservation…

Imaginons un instant que pour sauver les peuples autochtones, victimes de notre même arrogance, on les enfermait dans des milieux déconnectés de leur réalité, soumis au vis-à-vis d’un public en quête de loisir… cela choquerait, et c’est pourtant ce que l’on fait aujourd’hui avec les espèces animales en se cachant derrière les justifications fallacieuses de conservation des zoos.

Si aujourd’hui, le monde est ce qu’il est, c’est justement, pour reprendre l’expression de Pierre Rabhi, parce que nous sommes dans un monde “hors-sol”. Nous sommes déconnectés de nos racines et portons dès lors la responsabilité de nos actes insensés.

Nous sommes responsables de la disparition des rhinocéros lorsque nous acceptons de cautionner l’existence même des zoos car par cet acte nous réduisons l’animal à un bien de consommation.
Nous sommes responsables lorsque nous emmenons nos enfants voir des animaux dans les cirques Zavatta, Grüss ou Pinder car par cet acte, nous inculquons aux générations futures que l’animal est là pour nous divertir ou nous servir.
Nous sommes également responsables lorsque nous prenons en animal de compagnie (NAC) un perroquet, une iguane ou une mygale car nous le réduisons à un statut de marchandise.

Bien entendu, les programmes de conservation sont utiles, mais seulement s’ils sont réalisés in situ à l’écart de la présence du public. Qui pourrait croire un instant que tel gorille dans un zoo français rejoindra un jour ses montagnes africaines ?   Si quelques zoos donnent de l’argent pour ces programmes, ils sacrifient néanmoins tous leurs captifs à une vie de cloisonnement déconnecté de leur écosystème, mais bien pire, il inculque l’idée que l’animal est une marchandise au service de l’homme.

Quel est la différence entre un animal de zoo et un tableau dans un musée ?  Aucune, les deux sont exposés à un public, moyennant paiement…

Aussi, n’accusons pas trop le braconnier, qui parfois est dans une situation de survie beaucoup plus délicate que la famille qui, pleine de sa bonne conscience, va mirer dans un zoo ou un cirque les vestiges des espèces qu’elle annihile elle-même.

Publié le: 
11/11/2011