Ce processus a pour effet de conférer au texte à traduire une certaine part de la subjectivité du traducteur, celui-ci participant activement à la construction du sens – ou vouloir-dire – en y apportant un peu de lui-même7. Ce sur quoi va porter la traduction, ce ne sont plus les mots mais la production de l’acte langagier replacée dans la situation de communication. Toutefois, il ne s’agit encore que d’une opinion sur la manière de traduire. Ainsi, le sens d’un énoncé résulte du traitement des seules instructions linguistiques présentes dans le contexte. De fait, selon cette théorie, la traduction se fait par la mise en regard des formes d’expression dans la langue source et dans la langue cible5. A cet égard, on peut convoquer la théorie de la Gestalt. 9 Nous avons développé un parallèle entre les conditions d’exercice du métier de traducteur et d’interprète dans « Interprétation et traduction : similitudes et divergences », in Hommage à Hasan-Ali Yücel, Publication de l’Université technique de Yildiz et de la Commission nationale Turque de l’Unesco, 1996, 173-182. Hans Vermeer. De fait, la traduction au sens de l’opération traduisante est vue comme la conversion d’un code linguistique en un autre code linguistique et l’outil idéal pour réaliser ce type de conversion est bien entendu le dictionnaire bilingue. C’est bien là qu’on peut dire que la lettre tue, et que l’esprit vivifie ». En effet, le raisonnement logique est par nature sériel, linéaire et séquentiel, alors que le diagramme relève d’une spatialisation résultant d’un traitement parallèle. Cette approche implique une démarche de type transcodage. ------, « Traduction et linguistique textuelle », Terminologie et Traduction, Commission des Communautés Européennes, Bruxelles, No. ------, « La traduction : illustration d’un processus complexe », in Complexité, Bernard Cadet (dir. C’est ce que confirme Catherine Fuchs : « C’est la phrase que les théories linguistiques ont, pour la plupart, adoptée comme unité d’analyse », dans Aspects de l’ambiguïté et de la paraphrase dans les langues naturelles, Berne : Peter Lang, 1985, 20. En outre, si le texte est considéré comme une entité isolée, autonome, indépendante du lecteur, il est aussi perçu comme étant indépendant de tous les autres textes qui ont pu exister avant lui et qui existeront après lui. (Auto)biographie contre fiction : la valeur du témoignage, Opéra et société dans le monde anglophone, Les États-unis à travers le prisme des musiques populaires américaines et britanniques, Réflexions sur l’enseignement supérieur dans le monde anglophone, Images de dérision, images d’exaltation dans les îles britanniques du XVIII, Propriété intellectuelle, copyright & plagiat, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International, Anthologie vivante sur les Mémoires de guerre, Mélanges en hommage au Pr. Avant de réagir de façon émotionnelle, le sujet prendrait en considération : d’une part, des composantes primaires – par exemple, la pertinence et la cohérence par rapport au but recherché – et, d’autre part, des composantes secondaires – par exemple, le blâme ou l’approbation. 11 Cette troisième dimension n’est pas sans rappeler la notion d’intertextualité, développée par Julia Kristeva dans Recherches pour une sémanalyse, Paris : Seuil, 1978, selon laquelle un texte est toujours second, c’est-à-dire qu’il résulte d’une part d’emprunts à un modèle. Cette démarche analytique procède par repérage de marqueurs et de connecteurs de nature à permettre un calcul du sens, considérant que les connexions logico-sémantiques sont censées assurer la lisibilité linéaire d’une séquence. Le présupposé fondamental est ici qu’un sens ne peut être codé que d’une seule manière, donnant lieu à une production linguistique décodable de façon réversible pour redonner le sens initial. L’égalité des droits : Mythe ou réalité dans les sociétés anglophones contemporaines ? An extension of structuralism, linguistic theories of translation claim complete objectivity. Or, dès lors qu’il y a sélection, il y a décision. Certes, le débat entre fidélité à la lettre et fidélité à l’esprit remonte sans doute à l’Antiquité et s’est poursuivi jusqu’à nos jours, traversant les modes et les idées dominantes, donnant lieu à une terminologie variée. L’apport de la théorie linguistique de Gustave Guillaume à la traductologie de souvenir. les entrées linguistique et science du langage-théorie du langage du glossaire de la traduction française (p. 641, 656). Professeur, (Caen, France)Ancienne élève de l’Ecole supérieure de traducteurs et d’interprètes (ESIT) de l’Université Paris III, Docteur en traductologie, habilitée à diriger des recherches, Christine Durieux est en poste à l’Université de Caen depuis 1995. 31C’est sans doute dans le domaine économique qu’est apparu pour la première fois le concept de rationalité limitée (Simon, 1959) qui venait remettre en cause le principe d’inférence optimal bayesien14. L’opération consiste à puiser des correspondances lexicales pré-établies répertoriées dans des dictionnaires bilingues ou apprises par coeur et à appliquer des règles de syntaxe de la langue d’arrivée pour assurer le bon agencement des correspondances adoptées. De fait, alors que les théories linguistiques ne s’intéressent qu’à la langue, les théories interprétatives remettent l’être humain au cœur de la communication : « Dans la définition de l’opération de traduction, on en était venu à faire abstraction de l’homme qui traduit et des mécanismes cérébraux mis en jeu, pour n’examiner que les langues et ne voir dans l’opération de traduction qu’une réaction de substitution d’une langue à l’autre » (Seleskovitch, 1984 : 294). 34Une piste complémentaire est ouverte avec les théories de l’appréciation de Magda Arnold (1960) puis de Lazarus (2001). 8L’évaluation apporte un autre exemple d’application de la propriété analogique de réversibilité. De fait, qu’est-ce qu’une pensée nue sans support verbal ? reconnus dans le domaine de la linguistique textuelle et de l’analyse du discours et des genres. 3 Ce point de vue est défendu avec force par Peter Newmark dans A Textbook of Translation, New York/Londres: Prentice Hall, 1988 : “We do translate words because there is nothing else to translate; there are only the words on the page; there is nothing else there” (73). La construction du sens n’est pas le produit de la signification des mots composant l’énoncé, mais le résultat d’un processus inférentiel, c’est-à-dire d’un raisonnement logique, exploitant à la fois les informations linguistiques et des informations non-linguistiques telles que la connaissance du sujet traité et des facteurs circonstanciels de la communication, et les composantes para-linguistiques du texte. », Actes du colloque Sens propre et sens figuré, Tunis : Dar al-Mouna, 2007, 101-110. L’idée avancée intuitivement par les théories interprétatives de la traduction est que la construction du sens se fait par mobilisation et fusion des connaissances linguistiques activées par la lecture du texte à traduire et des connaissances thématiques préalablement acquises et stockées en mémoire par le traducteur, afin d’aboutir à un tout cohérent. Dans ce cadre, la finalité de la traduction est normalement l’enseignement/apprentissage des langues étrangères. On connaît la formule d'Umberto Eco : « la langue de l'Europe, c'est la traduction ». La publications aborde la problématique des grandes théories occidentales de la traduction. La théorie interprétative de la traduction [1] (TIT) est un concept du domaine des études de traduction.Il a été créé dans les années 1970 par Danica Seleskovitch, une française spécialiste de la traduction et ancienne directrice de l'Ecole supérieure des interprètes et traducteurs de Paris (ESIT), Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle. Cette théorie fonctionnaliste de la traduction ne renie pas le fondement de la théorie interprétative qui souligne le rôle primordial joué par les compléments cognitifs dans la construction du sens et qui fait du sens l’objet-même de la traduction. C’est sans doute leur principale revendication. Le texte-objet renferme à la fois les instructions pour le décodage d’un premier niveau de sens (co-texte) et les instructions pour le passage (obligé par le contexte) à un second niveau de sens. Avec sa théorie des modèles mentaux15, lui aussi remet en cause l’efficacité de l’inférence comme mode de raisonnement de nature à aboutir à une décision. Il est alors possible de proposer une version progressiste fortement influencée par les sciences cognitives. C’est ainsi qu’un processus de raisonnement inductif aboutit à une forme de doxa. 18De fait, la traduction écrite porte sur des textes. Le présent développement se positionne délibérément en dehors de ce débat stérile et tente de retracer l’évolution de la réflexion traductologique depuis son ancrage dans le structuralisme jusqu’à son inscription actuelle dans le paradigme de la complexité. La traduction postcoloniale linguistique 51 3.5. 37En résumé, le schéma ci-dessous pourrait avantageusement se substituer aux schémas courants en deux ou trois phases censés illustrer l’opération traduisante. 6Les phrases, ou le texte à traduire réduit à une succession de phrases, sont transcodées d’une langue à l’autre. En outre, l’être humain n’est pas un logicien né ; il fait des erreurs. The Adaptive Toolbox, Cambridge: MIT Press, 2001. domaine de la traduction . Les points de vue exprimés relèvent plus d’un positionnement dogmatique que d’une réflexion sur la traduction en tant que processus. A ce stade, on peut souligner que le texte présente une synergie dans laquelle le tout est supérieur à la somme des parties. L’interprète bénéficie d’une identité de temps, de lieu et de destinataires dans la communication alors que le traducteur travaille nécessairement en différé par rapport à la production du texte original et s’adresse à une communauté de lecteurs différente des destinataires du texte original9. Ce qui est intéressant, ce n’est pas la mise en regard de deux textes équivalents, mais le repérage de modes d’expression spontanés sur un même sujet, par des locuteurs natifs. Les contenus de la Revue LISA / LISA e-journal sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International. Il s’agit de voir si, dans la traduction produite, on retrouve bien tous les éléments présents dans le texte original. Dans les études de langues étrangères, la traduction est utilisée comme contrôle des connaissances, ce qui justifie le rôle de la traduction littérale généralement pratiquée et attendue. Autrement dit, on va se poser la question de savoir comment un locuteur natif de la langue cible exprimerait spontanément le vouloir-dire identifié dans le texte original. Ce sont ses propres valeurs qui vont guider son interprétation des attributs d’un produit ou d’un service faisant l’objet de son analyse. De ce fait, le destinataire de la traduction, avec l’effet que l’on veut produire sur lui et la réaction que l’on souhaite susciter chez lui, devient un paramètre pris en compte dans l’opération traduisante. Enfin, en rupture avec ce paradigme formaliste, dans le sillage des sciences cognitives apparaît un nouveau cadre théorique récusant la toute puissance de la raison et intégrant l’émotion dans toute activité cognitive. Edgar Morin (1990 : 24). ... Sa compétence linguistique est supposée acquise et n’est évaluée, si elle est évaluée, qu’en tant que qualité de service. Le traducteur professionnel est investi d’un rôle d’intermédiateur dans la chaîne de communication et la finalité de la traduction est de faire comprendre au lecteur, de le faire réagir et de le faire agir en conséquence. Ainsi, pour la traduction, l’approche documentaire permet non seulement de comprendre de quoi traite le texte puisque l’exploitation de la documentation fournit un complément d’informations thématiques, mais aussi et surtout de découvrir comment naturellement ces connaissances s’expriment dans l’une et l’autre langue12. Dr. Denis Mukwege, Catalogue des 552 revues. ------, How We Think, New York: Prometheus Books, 1991, [éd. Université de Lorraine, 2015. Il s’agit de correspondances pré-établies, consignées antérieurement à la traduction. La traduction en France à l’époque classique, Bruxelles : Les Editions du Hazard, 2002 ; Paul Horguelin, Anthologie de la manière de traduire, Montréal : Linguatech, 1981. En fait, cette attitude doit beaucoup à la théorie de l’enquête de John Dewey (1938). choisi, à savoir la Théorie Interprétative de la Traduction telle que développée par Danica Seleskovitch et Mariane Lederer (1984, réédité en 2001), tout en présentant notre propre vision de la uestion et de la thémati ue ui l’entou e. 28Le postulat est que tout traitement de l’information est le fait du raisonnement. 25. humaines telles que la logique 9, la linguistique et même la théorie de la littérature 10 : c'est qu'il s'agit de l'utilisation d'un appareil à relations univoques, d'une part, extraordinairement général, d'autre part, c'est qu'il s'agit d'une tendance générale de la science moderne qui étudie dans ses objets, non ce qu'ils ont d'individuel, d'unique, mais leur structure commune. De fait, dans l’extrait ci-dessous d’un article traitant de « la police de la pensée » à propos du débat sur la colonisation, on peut lire : Pour nombre de chercheurs, c’est avec le procès intenté à Olivier P-G, paisible savant devenu à son corps défendant le symbole de la liberté menacée, que la ligne blanche est franchie. Cette phase intermédiaire implique une rupture entre la langue de départ et la langue d’arrivée. Puisque plusieurs traductions d’un même texte sont possibles, la qualité d’une traduction est appréciée sur le plan extrinsèque, c’est-à-dire dans son adéquation à la situation de communication. ------, Le Sentiment même de soi, Paris : Odile Jacob, 1999. originale : Lexington, MA., D.C.: Heath, 1910]. 2Dans le prolongement du structuralisme, les théories linguistiques de la traduction prétendent à une grande objectivité. Certaines théories sont à cheval entre plusieurs orientations. La restriction d’accès aux articles les plus récents des revues sous abonnement a été rétablie le 12 janvier 2021. Les décisions subconscientes tendent à se situer plutôt au cours de la phase de compréhension, et les décisions délibérées plutôt au cours de la phase de réexpression lorsque le traducteur doit effectuer un choix parmi les formulations possibles pour produire la traduction la plus efficace. Poésie anglophone et arts graphiques, État et culture dans les pays anglophones, Opéra et identité nationale dans le monde anglophone, Les économies anglo-saxonnes et l’innovation : ressorts, enjeux, influences. Selon l’approche littéraire, la traduction ne doit pas être considérée comme une opération linguistique, mais bien comme une opération littéraire. 1986. incidences sur la problématique de la traduction, et aussi de leur notoriété : il s’agit de la théorie du signe de Ferdinand de Saussure et de l’hypothèse dite Sapir-Whorf. AccueilNumérosVol. Approche contrastive de la traduction économique spécialisée Abdelmahmoud Rizgalla To cite this version: Abdelmahmoud Rizgalla. Au delà de l’horizon : ré-imaginer l’Irlande ? L’efficacité de la recherche documentaire pour effectuer des traductions n’est plus à démontrer, encore faut-il exploiter judicieusement les informations recueillies et les mobiliser sous forme de connaissances pour pouvoir faire tourner le moteur d’inférence. Théorie linguistique et théorie de la traduction. Quelle que soit la couleur de la ligne, la compréhension de la réalité est globale et immédiate ; il n’y a pas de calcul du sens à partir des unités linguistiques, mais bien une saisie spontanée du sens pertinent grâce à l’apport de connaissances du monde et de la situation évoquée. 1, 1997, 48-62. Dans leur souci d’objectivité, les tenants de cette position théorique voient le texte, en tant qu’objet d’investigation, comme une entité autonome, extérieure à l’observateur et totalement indépendante de lui. Selon la théorie linguistique, l’évaluation d’une traduction se fait par rapport au texte de départ. Non seulement les connaissances acquises du traducteur le guident dans son accès au sens du contenu du texte à traduire, mais aussi tout son système de valeurs intervient dans le processus d’interprétation-compréhension et contribue à l’orienter. Avec la prise en compte d’un large contexte thématique et situationnel, et de son interconnexion dans un réseau d’autres textes, le texte est considéré dans ses trois dimensions. Les théoriciens qui insistent sur le procédé plutôt que sur le résultat font en effet la description, et non la prescription, de l’a… 7 En effet, dans le cadre de la théorie linguistique de la traduction, l’approche est contrastive. La probabilité attachée à un évènement est fonction des conditions (elles-mêmes affectées de probabilités) dans lesquelles peut se produire l’évènement en question. Ensuite, entre la version initiale de la théorie interprétative de la traduction et la version avancée, la rupture porte sur la notion-clé de déverbalisation. On trouve ): Antologie teorie uměleckého překladu, FF OU, Ostrava, 2004, p. 160-167. 5 Cette approche, très répandue en milieu scolaire et universitaire, a donné lieu au comparatisme. L’émotion est un outil pour la décision, c’est un instrument puissant de prédiction d’un cerveau qui anticipe et projette ses intentions.
théorie linguistique de la traduction 2021