Girafon du zoo de Copenhague abattu, simple pièce de collection?

L’abattage de Marius, girafon de 2 ans, au zoo de Copenhague, a ému l’opinion publique, révélant une pratique barbare pas si isolée que cela. Cet acte est ainsi révélateur de la vraie nature des zoos.

Les zoos gèrent des collections

Comme Code Animal l’a montré dans son livre “Un autre regard sur les zoos”, paru en novembre dernier, les zoos gèrent des collections et tentent le plus souvent de présenter les espèces dont le public est friand. Il s’agit bien souvent de cumuler exotisme et rareté.
Au même titre qu’un collectionneur de timbres se doit d’avoir telle ou telle pièce, les zoos se doivent, pour répondre au désir de leurs clients, d’exposer des reptiles, des oiseaux, des primates ou de grands herbivores. Les girafes sont de ce fait des espèces emblématiques, qu’il est de bon ton de posséder. Les plus grands zoos ont les leurs:  Beauval, Amnéville, Lyon, Touroparc, la Flèche, La Palmyre, Doué …

Mais, comme pour toute collection, il est inutile, voire problématique, de posséder un trop grand nombre d’exemplaires de la même “pièce”.  Il faut donc gérer les surplus et notamment les surplus de mâles.

De la consanguinité au surplus de mâles

À la suite des interdictions de prélèvements d’animaux à l’état sauvage, les zoos ont mis en place des échanges qui leur permettent, d’une part, de se fournir en animaux, et, d’autre part, de diminuer les risques de consanguinité. Toutefois, le réseau des zoos étant un système fermé, la consanguinité est une menace constante. Cet abattage met en lumière ce risque de dérive génétique inhérent à la captivité.

Il arrive bien souvent que les naissances posent problème lorsqu’il s’agit de mâles. Notamment parce que nombres d’espèces ne tolèrent pas la présence de plusieurs mâles au sein d’un groupe social mixte, ou alors au prix de conflits importants. Ceci est d’autant plus vrai lorsque ces espèces sont confinées dans un espace restreint comme c’est le cas dans les cirques ou les zoos.

Les responsables des zoos préfèrent dès lors éliminer ces surplus. Ainsi, en 2006, le directeur du zoo de Bâle expliquait: “Si nos hippopotames ont un petit et que n’arrivons pas à le placer dans un autre zoo, il entrera dans la chaîne alimentaire et sera donné en nourriture à nos grands carnivores, par exemple les lycaons.”

Faute de place, cette gestion des surplus est alors résolue principalement par la contraception ou l’euthanasie. Cette seconde option a l’avantage de permettre au zoo de présenter un bébé animal afin de répondre aux demandes du public, mais pose le problème de son élimination avant la maturité sexuelle. Cette élimination est d’autant plus compliquée, car visible, lorsqu’il s’agit d’une espèce n’ayant qu’un seul petit comme c’est le cas des girafes et des hippopotames…

Code Animal espère que cette médiatisation de l’abattage de la girafe Marius amènera le public à comprendre que les zoos sont avant tout des entreprises de divertissement. La conservation et la pédagogie n’étant qu’une vitrine en trompe-l’oeil …

Publié le: 
12/02/2014