Zoo et cirque à l'antithèse de la conservation : les tigres blancs

Tigre blanc cirque Amar

Le tigre blanc (à ne pas confondre avec le tigre de Sibérie) présenté avec fierté par plusieurs cirques et zoos français, n’est en fait pas une sous-espèce mais une anomalie. L’ancêtre de cette lignée de tigre blanc que l’on trouve en captivité se nomme Mohan, il a été capturé en 1951 par le maharajah de Rewa dans le Nord de l’Inde. C’est en l’accouplant avec sa propre fille Radha, que Mohan a donné naissance à 4 nouveaux tigrons blancs Raja, Rani, Sukeshi et Mohini qui eux-mêmes ont été utilisés pour perpétrer cette anomalie.  Mort en 1969, Mohan a été empaillé et exposé dans le musée privé du Maharajah de Rewa.

Cette anomalie est une mutation génétique rare appelée leucisme. Le croisement de descendants de Mohan (le père se reproduit avec sa fille, qui se reproduit avec son frère, etc.) a crée une important consanguinité conduisant à de nombreuses anomalies et une mortalité plus importante des petits. La majorité des  tigres blancs survivants présentent des “déficiences immunitaires, des scolioses, un strabisme élevé, des troubles mentaux, ou des malformations”.

De ce fait, les zoos comme les cirques qui prétendent participer à un quelconque plan de conservation des tigres blancs, mentent. Cet animal n’est exhibé que pour des raisons commerciales. Cette exhibition se fait au détriment de l’animal lui-même.  Comme le stipule le Dr Ron Tilson, directrice de la conservation du zoo de Minnesota et gestionnaire du plan de survie des tigres : “Affirmer de la part d’un propriétaire privé, qu’il sauve les tigres est un mensonge, il ne les sauve pas, mais fait un élevage à unique but lucratif.”

L’association américaine des zoos (AZA) appelle de ce fait les zoos à ne pas faire se reproduire davantage ces tigres, la consanguinité ne faisant qu’accentuer les anomalies.

Les cirques et d’autant plus les zoos, qui se vantent de participer à la conservation des espèces, ne font  qu’aller à l’encontre de leur mission de conservation (exigée par la Directive européenne zoo), en faisant perdurer à grand renfort de publicité une consanguinité et des croisements inter-espèce (avec le tigre de Sibérie notamment) pouvant être préjudiciable à la survie même des quelques sous-espèces de tigres restantes, menacées d’extinction à l’état naturel.  Dan Laughlin, (DVM, Ph.D.), spécialiste des tigres considère l’exhibition et la reproduction des tigres blancs comme une antithèse de la conservation, une malhonnêteté et une attitude contraire à l’éthique. (Source Big Cat Rescue).

Les cirques français multiplient depuis quelques années  les naissances de tigres blancs, parmi lesquels le cirque Amar, le cirque Maximum ou le cirque de la Piste aux étoiles.

En avril 2010, le cirque Maximum profite de la naissance de tigres blancs pour attaquer les associations de défense animale (dont Code Animal), estimant que ces naissances “contribue évidemment à la préservation de cette espèce menacée”, alors même que “cet animal ne peut survivre dans son milieu naturel”… (Source :  site cirque Maximum)

Une position paradoxale qui ne sert en rien les intérêts des tigres exploités dans ce cirque, ni même la sous-espèce dans la nature puisqu’elle n’existe pas…

Le zoo d’Amnéville tente également d’appâter les visiteurs avec ce félins en se vantant “d’entreprendre l’élevage de cet animal en voie de disparition à l’état sauvage“… alors même que leurs spécimens (hybrides ou non) inévitablement consanguins ne seront jamais réintroduits dans un quelconque lieu.

Le zoo de Beauval, le Touroparc ou encore le zoo de Cerza entre autres ont cédé à la présentation rentable de cet animal malgré une connaissance de la situation, le vétérinaire de ce dernier zoo expliquant que “Le tigre blanc n’est pas une espèce menacée puisqu’elle n’existe pas dans la nature, mais aujourd’hui tous les tigres sont menacés d’extinction”. (Source :  Le point)

Cette situation est tout à fait révélatrice de ce décalage entre la communication bien rodée de ces établissements, qui soucieux de légitimer leur activité mettent en avant leurs actions de protection des espèces menacées tout en acceptant des actions contraire à la conservation de ces espèces, comme c’est le cas avec les tigres blancs.  Ne nous y trompons pas, si quelques zoos reversent des fonds à des programmes in-situ (c’est une obligation légale), ils le font au même titre que les particuliers ou les associations de protection animale.

Les zoos et les cirques sont des entreprises dont le but est avant tout d’engranger des bénéfices en exhibant des animaux, qui au même titre que le tigre blanc sont condamnés à rester derrière des barreaux ou des plexiglas jusqu’à la fin de leur triste vie.

Publié le: 
10/03/2012