La Chine loue ses pandas à l'Angleterre

Panda offert par la Chine à l'Amérique - photo Jeff Kubina

Dans le courant de cette année, l’Angleterre s’apprête à recevoir fastueusement, avec une couverture médiatique exceptionnelle, des ambassadeurs chinois d’un nouveau genre. Une équipe constituée de membres de la royauté et de politiciens de haut rang dont la princesse Anne, le prince Andrew, Gordon Brown et David Miliband ont travaillé sans relâche pour pouvoir les faire venir dans le royaume.

Ces hôtes prestigieux sont un couple de pandas géants âgés de 7 ans. La femelle s’appelle Tian-Tian (douceur) et le mâle Yangguang (soleil brille), ils seront accueillis par le zoo d’Edimbourg. La direction du zoo attend énormément de leur venue car les finances du parc ne sont pas brillantes, dernièrement l’enclos des oiseaux exotiques a dû être fermé. Les autorités espèrent que ces pandas feront doubler le nombre de visiteurs pour atteindre le chiffre d’un million par an. Sans parler du merchandising qui en découlera, car le symbole du panda est l’un plus aimé dans le monde, il est utilisé pour vendre de tout.

Enfin, les humains donne la mission à Yangguang de remplir le contrat nommé tian-tian de son petit stylo afin que naissent un bébé panda (qui appartiendra par accord à la chine) et de juteuses affaires. Avec un million de visiteurs bruyants et voyeurs l’intimité du couple risque d’être bien compromise. Mais les paris sur sa fertilité risquent de faire le bonheur des bookmakers d’autant que l’ancienne panda anglaise, nommée chichi et morte en 1972, n’avait pas du tout le sens du commerce et avait mis une évidente mauvaise volonté à se reproduire, ne laissant aucun héritier.

Mais il y a plus, car ces pandas ne sont pas un simple cadeau d’un groupe de conservation de la nature à un autre, ou même un prêt. Le Zoo d’Edimbourg accueillera ce couple pour seulement dix ans et devra payer grassement – environ  600 000 Livres sterling par an (soit environ 712 mille Euros servant parait-il à un fond pour les pandas) – pour avoir ce  privilège. En fait, ces animaux constituent un élément clé d’un accord commercial de 2.6 billions de Livres signé début janvier par les gouvernements britanniques et chinois. Depuis longtemps  la Chine utilise ces animaux dans ses accords internationaux. Tout a commencé sous la dynastie des Tang, lorsque l’impératrice Wu Zetian (625-705) envoya une paire de pandas à l’empereur japonais. Mais le cadeau de «Panda diplomatique” battit son plein durant la guerre froide, le gouvernement chinois en donna 23 à 9 pays différents entre 1958 et 1982. Les autorités de ce pays, après avoir détruit leur habitat, ont ainsi pillé la population de Panda. A ce jour, il reste seulement 1600 pandas en liberté et  les programmes de reproduction artificielle sont loin de pouvoir prétendre à sauver l’espèce.

Ainsi en l’an 2011, la Chine n’offre plus ses pandas mais les loue pour une durée déterminée. Désastre écologique oblige la Chine se voit contrainte de mettre un peu de vert dans l’encre de ses contrats. Mais au fond ne s’agit-il pas là d’un simple et sordide trafic d’animaux pour le seul profit des humains ? Il faut s’indigner et dénoncer ce genre de “location” qui conduira ces magnifiques animaux à leur perte définitive.

Publié le: 
23/01/2011